Nous vivons des temps perturbants et confus, des temps troublants et troublés, et quand je dis nous, je veux dire tout le monde sur Terra. Nous devons créer de nouvelles parentés, des lignées de connexions inventives, nous devons calmer la tempête et reconstruire des lieux paisibles. Nous devons apprendre ainsi, au cœur d’un présent épais, à bien vivre et à bien mourir, ensemble.

Donna Haraway

Au commencement était l’humus est un duo.
C’est une fable spéculative.
C’est une performance, un concert post-punk, un poème symphonique.
C’est une proposition, une invitation.
C’est une tentative.
C’est l’expression de mon incapacité à faire.
C’est la rencontre de divers univers.

S’est développé au cours des siècles en Occident un concept, celui de « Nature », englobant par là, la faune, la flore, les animaux. Une des conséquences de ce concept est l’extraction et la distanciation de notre espèce humaine du reste du vivant. Nous sommes en dehors. Il n’y a plus de lien de parenté. En a découlé ce que l’on sait : le pillage et l’exploitation de « la nature » depuis maintenant plusieurs siècles.

Depuis 40 ans, beaucoup de penseur·euses alertent sur la dangerosité d’une telle séparation et appellent à en sortir rapidement. De cesser d’employer le mot de « Nature » et de lui préférer celui de « Vivant ». C’est le premier pas, horizontaliser le rapport, se solidariser à nouveau de toutes les espèces vivantes non-humaines. À partir de là, nous pourrons enclencher un processus de réconciliation et alors nous pourrons apprendre à vivre avec le trouble.

C’est donc en compagnie de Donna Haraway, de Vinciane Despret, de Baptiste Morizot ou encore de Philippe Descola que nous nous plongeons dans l’écriture d’une performance initiatique. À la manière d’une veillée autour du feu, nous allons nous rassembler, communier et nous évader ensemble.

Par la puissance évocatrice, symbolique et philosophique d’un conte traditionnel, nous allons côtoyer des arbres qui chantent, des poules qui dansent, des nénuphars qui palabrent et ensemble nous paraderont jusqu’au bout de la nuit. En accompagnant ce récit d’une partition musicale explosive et électrique, nous créons une esthétique lyrico-punk composées de sonorités tantôt déstructurés, tantôt harmonieuses, et d’envolées vocales nimbées de nappes sonores mélodieuses. La partition chorégraphique, complètement décalée, pousse un corps dans ses extrémités pour raconter l’indicible par-dessus ce brouhaha poétique.

Danse chant et percussions : Johan Boutin
Batterie et percussions : Blanche Lafuente
Aide à la chorégraphie : Claire Lamothe
Regard extérieur : Marie Menechi
Soutiens : département de la Savoie